Chaque jour, des journalistes et des rédacteurs prennent des décisions à propos des histoires à couvrir. Ils donnent généralement la priorité à celles qui sont plus sensationnelles ou qui ont plus tendance dans les flux de médias sociaux, ou bien celles qui concernent de près leur public. Par conséquent, de nombreuses crises humanitaires dans le monde sont négligées et sous-estimées.

Ces crises dites « oubliées » sont généralement des situations de crises humanitaires prolongées, qui ont de graves conséquences sur les populations touchées telles que la mort, la famine, le déplacement et le sans-abrisme. Souvent, la cause est un conflit, même si parfois c’est le cumul de catastrophes naturelles récurrentes. Mais les principaux dénominateurs communs sont qu’il y a un manque de volonté politique ou de capacité à résoudre la crise, et que les populations touchées sont des minorités, ou des personnes qui vivent dans l’extrême pauvreté et reçoivent une aide nationale ou internationale insuffisante ou inexistante. En raison du manque d’attention portée à ces crises, les gens peuvent se sentir oubliés et perdre espoir.

Voici deux exemples de la façon dont la présence vincentienne dans ce que le pape François appellerait les périphéries est une source d’espoir.

Tigray – Crédit de photo: AFP

Le premier concerne la guerre dans la région du Tigré en Éthiopie. Un accord de paix en novembre 2022 a interrompu les deux années de combat entre les forces pro-gouvernementales et les combattants du Tigré. Outre le grand nombre de victimes, le conflit a laissé près de trois millions de personnes déplacées. Selon les branches de la Famille Vincentienne actives dans différentes villes de la région[1], la paix actuelle ne tient qu’à un fil très léger.

Profitant de cette trêve et des communications rétablies, la FHA a décidé de collecter des fonds pour leurs initiatives par le biais de son appel de Noël. Nous avons pu envoyer un peu plus de US $ 5 000.00 pour contribuer à leurs efforts de distribution de nourriture. En plus de s’occuper de la sécurité alimentaire des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDI), l’une des branches a confirmé qu’elles fournissent de nombreux autres services dans leur centre de santé ou directement dans les camps des personnes déplacées internes (PDI). Le soutien psychosocial aux enfants et aux survivants de violences sexistes et la fourniture de kits d’hygiène aux femmes enceintes et allaitantes ne sont que quelques exemples.

Burkina Faso. Crédit de photo: AFP

La deuxième situation génératrice de déplacés internes a été encore moins couverte par les médias. Comme dans de nombreuses régions du Sahel, les villageois du nord du Burkina Faso sont confrontés à de violentes expulsions massives provoquées par des groupes armés. Les Filles de la Charité dirigeaient des écoles dans la ville de Nouna avant le début des déplacements. Elles étaient préoccupées par la situation et ont conçu un projet de 13 maisons, pour fournir des abris aux personnes déplacées et améliorer l’accès à l’eau pour tous. En même temps, elles ont accueilli des enfants déplacés dans leurs écoles. Toutes ces mesures ont pour objectif d’apaiser la tension de la situation – tant pour les déplacés que pour la population accueillante.

Leur dernier rapport parle de lui-même. En voici un court extrait :

« Au cours des deux premiers mois de 2023, la situation sécuritaire dans la province de Kossi et Banwa qui composait le diocèse de Nouna, s’est détériorée notamment avec l’expulsion de plusieurs villages. En effet, le chef-lieu de la commune de Sanaba a été attaqué dans la nuit du 19 au 20 janvier, entraînant la mort de civils. Cela a entraîné le départ de la population du chef-lieu de la commune. En effet, après l’attaque, un ultimatum de 72 heures a été donné aux populations pour libérer la commune. Après Sanaba, c’est au tour des villages situés sur l’axe Dédougou – Nouna, dont les populations ont reçu l’ordre de déguerpir. Ainsi de nombreux villages se sont vidés de leurs populations pour rejoindre Dédougou et Nouna (…). La ville de Nouna compte à elle seule plus de 70 000 déplacés internes selon la direction provinciale de l’action humanitaire. Environ 40 villages ont quitté leurs maisons dans la province ».

La FHA met en avant ces deux situations d’urgence qui provoquent le déplacement de nombreuses personnes et donc la perte de leur logement. Cependant, il est également important de mentionner que, comme dans de nombreux autres endroits dans le monde, les branches vincentiennes sont présentes pour accompagner les survivants. Cela montre que même si les situations d’urgence peuvent être ignorées par les médias, les déplacés internes comptent et ne sont pas oubliés.

 

Par Natalie Monteza


[1] Pour leur sécurité, nous ne mentionnons pas les noms des personnes en question. En effet, l’une des Branches a décidé de ne pas nous envoyer des informations concernant leur service car cela pourrait compromettre le travail qu’on fait auprès des rescapés de la guerre étant donné que leur situation est si délicate.